Les dirigeants de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), se sont réunis le 8 février 2025 à Dar es Salaam, en Tanzanie dans un sommet jumelé de ces deux organisations sous-régionales, en vue d’aborder la question de la crise sécuritaire dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Le sommet, coprésidé par le président kényan William Ruto et le président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa, respectivement president de l’EAC et président de la SADC, a rassemblé plusieurs chefs d’État et représentants des pays membres, ainsi que le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat. Ayant délégué sa première ministre Judith Suminwa dans ces travaux, le Président Congolais Félix Tshisekedi a pris part au sommet en visioconférence.
Les discussions ont porté sur la détérioration de la situation sécuritaire en RDC, marquée par des violences accrues, des pertes en vies humaines et une crise humanitaire de grande ampleur. Les participants ont exigé l’arrêt immédiat des hostilités et ont souligné la nécessité d’une réponse rapide à la crise humanitaire. Ils ont également adopté une série de mesures pour stabiliser la région, notamment la fusion des processus de paix de Luanda et de Nairobi ainsi que la sécurisation de Goma. Le sommet a également appelé à la mise en œuvre d’un plan de neutralisation des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda) et à l’élaboration de modalités pour le retrait des forces armées étrangères non invitées du territoire congolais.
Les Chefs d’Etat ont aussi appelé à la reprise de “négociations directes et du dialogue avec toutes les parties étatiques et non étatiques”, y compris le M23. Le président congolais, Félix Tshisekedi a précédemment exprimé sa réticence à négocier avec les rebelles du M23, qu’il considère comme coquille vide au regard du soutien irréfutable que leur apporte le Rwanda. Le M23 a récemment pris le contrôle de Goma, Chef-lieu du Nord-Kivu, entraînant la mort de près de 3 000 personnes et le déplacement de centaines de milliers d’autres.
Le président rwandais, Paul Kagame, était présent au sommet, aux côtés de son homologue sud-africain, Cyril Ramaphosa, qui a déployé des troupes sud-africaines dans l’est de la RDC sous la bannière de la SADC pour combattre le M23. Le Rwanda a critiqué le déploiement des forces de la SADC, affirmant qu’il aggrave la situation. Le sommet a également souligné l’importance de rouvrir l’aéroport de Goma et d’établir des modalités pour le retrait des groupes armés étrangers non invités du territoire congolais.
Le président Ruto a déclaré que “la vie de millions de personnes dépend de notre capacité à naviguer dans cette situation complexe et difficile avec sagesse, clarté d’esprit et empathie”. Il a encouragé toutes les parties à mettre de côté leurs différences et à s’engager dans un dialogue constructif. Une réunion des chefs des forces de défense de l’EAC et de la SADC devra se tenir dans les cinq jours afin d’établir des directives techniques pour la sécurisation de Goma et des zones environnantes.
Enfin, les chefs d’État ont convenu d’instaurer des consultations régulières, au moins une fois par an, afin d’examiner les questions d’intérêt commun et d’assurer le suivi des engagements pris. Le sommet s’est conclu par des remerciements adressés à la Tanzanie pour l’organisation de la réunion et un appel à une action rapide et concertée pour restaurer la stabilité dans l’est de la RDC.
Rédaction